Marguerite Yourcenar et l'Égypte
Qu’il s’agisse de ses romans les plus connus, de ses essais si pénétrants ou même de ses traductions, l’œuvre de Marguerite Yourcenar témoigne du fait que rien de ce qui est humain n’était étranger à celle qui fut la première femme à avoir forcé les « vieilles portes » de l’Académie française, selon l’expression d’un de ses confrères que cela ne réjouissait visiblement pas.
Les magnifiques Mémoires d’Hadrien, à travers lesquels l’empereur philhellène revit avec tant de vérité que certains historiens n’hésitent pas à en citer des passages comme si le prince romain en était réellement l’auteur, montrent sa connaissance intime de l’Antiquité. Mais il s’agit de l’Antiquité classique et les civilisations plus anciennes semblent l’avoir moins attirée que celles du Japon ou de l’Inde.
C’est pourtant sur les bords du Nil qu’elle avait prévu de se rendre juste après sa réception à l’Académie française ; pour diverses raisons, elle n’y vint qu’un an plus tard, en janvier 1982, faisant alors ce qu’on appelait la « croisière longue », remontant tout le fleuve du Caire à Assouan.
Si, au départ, il s’agissait évidemment pour elle de refaire le périple d’Hadrien, marqué par la disparition d’Antinoüs, ce fut l’occasion de découvrir l’Égypte pharaonique à tous les aspects de laquelle elle continua à s’intéresser pendant les dernières années de sa vie.